Noël DOLLA 

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À Didier Padaillé
« Si nous prenons le train pour nous rendre à Tarascon ou à Rouen, nous prenons la mort pour aller dans une étoile. »
Vincent Van Gogh


PEINTRE COMME

Oui ! Monsieur, je suis un peintre, un MUTANT comme l'homme d'Altamira, Titien, Vélasquez, Courbet, Cézanne, Duchamp, Matisse, et bien d'autres.
Ce que vous voyez là Monsieur, ce ne sont pas des choses, des trucs, ou des machins modernes Monsieur, (avec l'accent du sud) ce sont de véritables PEINTURES.

Oui ! Monsieur, ce GANT A DEBARBOUILLER LA PEINTURE*, rigide de la crasse des siècles de peintures incomprises par les cerveaux mous, de nos pédants universitaires de l'ère de la glaciation future, c'est une peinture.

Ce drap d'hôpital, réformé pour avoir vu trop de traces de raie du cul emmerdée par l'approche de la mort, ce drap de lit fané, à peine teint de bleu horizon, c'est une peinture.

Cette taie d'oreiller mise enceinte par un châssis, qui crache et bave à vos gueules, dans une sale giclée de vomis couleur de lie de vin sur sa peau de coton tendu vos pires cauchemars, cet ENOL.A.BAIT petit fils de pute d'ENOLA GAY, c'est aussi une peinture.

Ces NUIT DES LONGS LOBES aux lobes trop longs et pas sages du tout, qui hurlent à nos oreilles la douleur des lames des longs couteaux qui tranchèrent tant de pavillons bruns, "Jolis papillons chinois sur velours grenat", ce sont des peintures.

Ces HOT ICE CAP, calottes de cire brûlante, empreintes à vif sur la peau de mon crâne nu, ces autoportraits en croûtes, ces douloureuses prises de tête, ces fleurs du mal de mes frères, ce sont des peintures.

Ces LEURRES DE NOËL emplumés et enguirlandés, qui dissimulent mal, le fer d'un hameçon si gros, que l'on pourrait avec, pêcher un putain de requin capitaliste, ou une grenouille de bénitier obèse. Oui ! Monsieur, ce sont des SCULPTURES, (l'accent, avec la colère est de plus en plus prononcé) ce sont des PEINTURES, et je ne cesserai d'affirmer cela, que le jour ou tous les DOUANIERS de la terre reconnaîtront mes oeuvres comme des PEINTURES, au même titre qu'un Rembrant, un Gréco, ou une peinture de l'ami Vincent.

Oui ! Monsieur, il est plus que jamais indispensable de savoir d'où l'on parle. Être PEINTRE, c'est pour moi reconnaître mes pères et savoir que je travaille comme eux, tout simplement après eux dans l'histoire.

Oui ! Monsieur, PEINDRE DANS L'ESPRIT DE L'ABSTRACTION, c'est combattre l'ignorance, en refusant : les termes vagues et incertains, le flou artistique, l'amnésie et la confusion qui toujours favorisent les retours passéistes et les attitudes réactionnaires.

Dire je suis peintre, c'est ma fierté. Être un jour reconnu comme : LE PERPETUEL MUTANT, D'UNE PRATIQUE CONCEPTUELLE DE LA PEINTURE sera mon honneur.

Rester PEINTRE, c'est pour moi être capable d'imaginer que mon oreille pourrait encore un jour rougir la porcelaine d'un bassin, que demain pourrait encore entendre grésiller la chair de ma main sur la fonte d'un poêle.

PEINTRE, je sais que je partirai un petit matin, rejoindre parmi les étoiles, les MUTANTS d'hier mes amis, Malèvitch, Mondrian, Brancusi, Eva Hesse, Newman, Malaval, Gasiorowski, Kippenberger, pour PEINDRE.


Noël Dolla, mai 1997

To Didier Padaillé
« Much like we use the train to go to Tarascon or Rouen, we use death to go to a star. »
Vincent Van Gogh

PEINTRE COMME

Yes sir ! I am a painter, a mutant like Altamira Man, Titian, Velasquez, Courbet, Cézanne, Duchamp, Matisse, and many others.
What you see there sir, are not things, thingamajigs, or modern what-have-you's sir, (with a southern accent) they're genuine paintings.

Yes sir !, this GLOVE TO PAINT*, stiff with the crass of paintings uncompromised by dim wits, and university pedants from the future ice-age, is a painting.

This hospital bedsheet, thrown away for having seen too many ass cracks shitting themselves at death's approach, this faded bedsheet, barely tinted with the horizon's blue, is a painting.`

This pillowcase pregnant with a stretcher frame, which spits and drools at your jowl, in a dirty spurt of wine-colored vomit, your worst nightmares stretched on its cotton skin , this ENOL.A.BAIT, ENOLA GAY's little son of a bitch, is also a painting.

These NUIT DES LONGS LOBES with their too long and not at all behaved lobes, screaming the pain of long knife blades which slit so many brown pre-fab homes, "Pretty Chinese butterfly on grenade velvet", these are paintings.

These HOT ICE CAP, hoods of scalding wax, pressed onto the skin of my bare skull, these self-portraits as kitsch, these painful brain wrackings, these flowers of evil belonging to my brothers, these are paintings.

These LEURRES DE NOËL feathered et tinseled, poorly dissimulating, the point of, that one could catch a hell of a capitalist shark with, or a frog of an obese stoup. Yessir ! These are SCULPTURES, (in anger , the accent becomes ever more pronounced) these ar PAINTINGS, and I will never stop affirming that, until the day all the border police of the worl recognize my works as PAINTINGS, like those of Rembrandt, El Greco, or a painting by my friend Vincent.

Yessir ! it's ever more indispensable to know where we're speaking from. To be a PAINTER, is for me to recognize my fathers and know that I work like them, and simply after them in history.

Yessir ! To PAINT in the spirit of abstraction is to combat ignorance by refusing : vague and incertain terms, artistic shadiness, amnesia and confusion which always favor passéist returns and reactionary attitudes.

I'm proud to say I'm a painter. To one day be recognized as : THE PERPETUAL MUTANT OF A CONCEPPTUAL PRACTICE OF PAINTING would be an honor.

To remain a PAINTER, means for me being able to imagine that my ear could still one day redden the porcelain of a basin, that tomorrow might see the skin of my hand frying in pan.

PAINTER, I know that come one day I will leave, to join amongst the stars, my MUTANT friends of yesteryear, Malevitch, Mondrian, Brancusi, Eva Hesse, Newman, Malaval, Gasiorowski, Kippenberger, to PAINT.

Noël Dolla, May 1999
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