Gilles DESPLANQUES 

 
Sotomayor/Powell
Mur de séparation principale de ma maison d’enfance correspondant aux dimensions du record du saut en hauteur sur le record du saut en longueur. 2eme intervention in situ, (grillage), montevideo, Marseille 2022.
 
 
 
 
 
Partition électrique, 2010/2020
 
Partition électrique, 2010/2020
 
Musique originale Bertrand Wolf, 2022
 
Vues de l'exposition La trajectoire des corps, 2022, Montevideo, Marseille
Photographies Pierre Gondard
 

27 juillet 1993 : dans le stade de Salamanque en Espagne, le cubain Javier Sotomayor s’élance. Il fend l’air et s’envole. Passant une barre à 2,45m, il établit un record du monde encore inégalé à ce jour. Deux ans auparavant, l’américain Mike Powell franchissait d’un seul bond 8,95m, établissant, là aussi, un nouveau record qui tient toujours.
J’ai 14 ans, je regarde les Jeux Olympiques dans une maison de lotissement standard et je réalise que ces hauteurs et longueurs sont celles de mon salon. De cette vision inaugurale qui confronte le dépassement et la norme va naître un questionnement sur notre faculté à habiter le monde.
À travers des installations et des interventions in situ qui dissèquent les bâtiments, Gilles Desplanques construit au fil des ans des psycho-architectures. Il présente pour la première fois une série de 7 dessins axonométriques de ses modèles à déconstruire. Ses sérigraphies nous montrent des interventions architecturales et/ou performatives réalisées sur une dizaine d’années.
L’installation montrée à Montévidéo en fait partie. Elle délocalise la maison d’enfance de l’artiste et met en relation les performances sportives des athlètes et l’architecture pavillonnaire.  Sotomayor/Powell prend le contrepied de l’homme de Vitruve de Vinci ou du Modulor de Le Corbusier qui prônaient une norme d’habitation calculée à partir de formules géométriques idéales.  Cette œuvre propose une nouvelle norme de construction basée sur les performances des records mondiaux. Elle offre à voir l'aire maximale de l'envol. Le nouveau système de références n’est alors plus théorique et intangible mais expérimenté et évolutif. 
L’artiste opère un transfert spatial par le déplacement d’une architecture dans une autre. Mais aussi un transfert symbolique et poétique. Les œuvres présentées au sein de l’installation: structure pavillonnaire, étagère Billy perforée, cloison grillagée, carte militaire, etc. nous parlent de nos cloisons physiques et mentales. Comment notre vie quotidienne est constamment soumise à des normes, des échelles, des valeurs. Quelle trajectoire, quel saut dans le vide pour s'en affranchir?
La trilogie Hétérotopia présentée en regard de l’installation nous montre des personnages en marge, aux trajectoires singulières.  A travers ses vidéos performatives, Gilles Desplanques nous parle de dérive, d’étrangeté, d’altérité et de folie.

 
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