Monique DEREGIBUS 

ESPOIR

Dire une vie ? Dans le jardin il y a le reflet de ce qui toujours a manqué à ma mère.

Si il faut dire ce qui nous arrive quand on part, il faut aussi en dire l’épisode. L’élément biographique. J’ai fui l’Algérie avec ma famille. Je suis arrivée là. Depuis, presque quarante années se sont écoulées. Ce temps, je l’ai vécu poussée par une seule lumière, reçue sur le visage, le jour où à quelques kilomètres du port de Marseille, on a relevé pour nous la bâche du camion militaire qui nous emmenait au camp de Saint-Maurice l’Ardoise.

C’est fou. Il a suffi de voir un paysage pour aimer tout un pays. Quarante ans de proximité et si peu savoir de ça. Cet épisode a été nié pour mieux se plaindre du triste sort « de ces engloutis ». Il faut pour étouffer l’espoir, éteindre aussi la lumière des ports.

Zahia Rahmani

 

HOPE

To say a life? In the garden is the reflection of what my mother always lacked.

If we must say what happens to us when we leave, we must also mention the episode. A biographical element. I fled Algeria with my family. I ended up here. Almost forty years have passed since then. And I have lived through them all driven by just one burst of light, falling on my face, that day when, a few kilometres from the harbour in Marseille, they raised the tarpaulin on the army truck that was taking us to the camp of Saint-Maurice-de-l’Ardoise.

It’s amazing. All you need to love a country is to see a landscape. Forty years of proximity and to know so little about that. The episode was denied, the better to bemoan the sad fate of the “drowned ones.” To stifle hope, you
must also extinguish the light of harbours.

Zahia Rahmani

 
Retour