DERAIN-MAHDJOUB 

Parallèlement, nous avons recueilli des conceptions de cette fonction dites par ceux qui la pratiquent : "J’écris pour les autres, tous les autres sans distinction… moi, ça, quelqu’un qui est supérieur à quelqu’un d’autre, qu’on me le montre !" nous dit Michèle Reverbel, écrivain public en Avignon, et c’est ce que disait à sa façon notre intervention.
L’éloge prenait la forme d'une inscription sur pierre, enchâssée dans le sol – peut-on y retrouver l’histoire des clous de fondations de Sumer ? Et puis encore humble dérive de humus, terre. Placée, à Damas, près du gouvernorat, précisément à la jonction du sol de marbre réservé à l’entrée des puissants et du sol commun qui entoure cet énorme complexe administratif, elle y prenait à nos yeux tout son sens. Dans cet espace accessible à tous, chaque lecteur pouvait prononcer l’éloge. Confidentiel mais situé stratégiquement, notre intervention était aussi discrète que sont visibles là les symboles du pouvoir.

À Damas, le gouvernorat, l'entrée du Gouverneur et des hauts fonctionnaires de la ville

À Damas, le gouvernorat, l'entrée des bâtiments administratifs pour les citoyens

Vue de la jonction des 2 sols (marbre et pavés autobloquants)

À la jonction des deux sols, notre éloge
Dessins préparatoires du projet

Dessin préparatoire
Format du projet définitif : Lithographie, pierre, verre, acier, diamètre 41cm
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Nous avions commencé les contacts avec la Municipalité de Damas, le projet était techniquement très simple à réaliser, nous avions des soutiens réels, du Musée des beaux-arts à l’Union des artistes syriens, ou encore auprès du directeur de la Bibliothèque de Damas.Mais l’attaché culturel et le conseiller de l’ambassade de France ont changé, et l’éloge devait être présenté par ce nouveau conseiller au gouverneur de Damas.Nous sommes restées sans nouvelles pendant de longs mois. En octobre 2001, nous avons reçu un courrier de l’Afaa nous informant de l’abandon du projet : de «nombreuses et multiples démarches» n’ont pas abouti. Après avoir tenté d’en savoir un peu plus, un second courrier nous confirmera qu’il est «inutile de reparler de tout cela avec le nouvel attaché, qui doit être très occupé par le climat général de tension au Proche-Orient et la programmation 2002». L’éloge ne sera pas prononcé.