Sylvain CIAVALDINI 

Dans l'ombre des masses sombres

Voyager en compagnie du Grand Magicien, coiffé de son entonnoir en mousseline, embarquer à bord du Bagger 288, direction Locus Solus ou même ailleurs, à travers les prairies de pavots et les champs de chanvre de Manille, visiteurs de rivages nouveaux dans des contrées jusqu'ici encore inconnues.
Routine de la routine, pour peu qu'on en convienne, mais dans le doute abstenu, si l'espace est mis à mal, le temps n'est pas non plus en reste .
Reviennent alors des souvenirs du futur, au spectacle des mots, hurlant, gesticulant, surgissent des errances chromatiques extravagamment fulgurantes, furtives et tourbillonnantes, des danseuses qui s'élèvent, s'étendent et se distendent s'étirent se haussent , des nébulosités versicolores croisent un aérostat, un univers étrange et flexueux, coloré et ingénu, peuplé de poissons chantant à tue tête des rengaines éculées et d'interrogations dessinées , un monde où de toute évidence il faut courir très vite pour rester sur place.
Aux portes des miroirs, le mécanisme des bulles dévoile les masses noires, ou bien est-ce le bout du tunnel? Le fruit de cette réflexion nous interroge, peut on raisonnablement accorder du crédit à une image impalpable de nous même ?
La pensée d'un auteur désincarné prend alors tout son sens :
On ne peut naviguer à l'extérieur que dans la mesure exacte où l'on navigue de l'intérieur.(1)

Jean-Jacques Le Berre



(1) Timothy Leary

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