Anna BYSKOV 

Pinter’s Tale 2008
Video numérique, 02:20

Pour écrire mes synopsis, mes scénarios, je me concentre essentiellement sur la littérature, romancière, philosophique ou théâtrale. À travers les textes lus, je reprends des parties du texte, telles que, des ambiances, leurs sens, des réflexions, que je détourne pour ainsi écrire mon scénario ou synopsis. En reprenant un texte d’Harold Pinter, dramaturge absurde anglais, je voulais me concentrer sur l’humour. L’humour anglais repose beaucoup sur l’idée de l’humiliation, le côté noir et le cynique. J’ai traduit en français une action humiliante d’une des pièces d’Harold Pinter où deux personnages conversent, l’un des deux commence à jeter plusieurs fois un verre de whisky dans le visage de l’autre, comme si de rien était. La conversation continue sans intérêt et sans aboutissement intellectuel. La traduction renforce l’ambiguïté de cette scène, car l’humour n’est plus à son origine. Du fait que ce soit en français, on ne sait plus si c’est drôle ou plat. Il y a des moments presque ennuyants où l’on a l’impression qu’il n’y a aucune action qui va venir et quand elle arrive, on se demande si c’est de l’humour. Dans mon montage, j’enregistre ma voix au-dessus de ma voix d’origine, pour décaler très légèrement la parole avec la bouche. Ce léger décalage rappelle la non-conversation de ces deux personnages. J’interprète les deux personnages car il me semble que cette situation, d’humilier l’autre, nous arrive à nous-même, et que parfois notre débat mental ne parvient à aucun résultat. À partir de l’humour anglais, j’ai voulu créer l’image symbolique du débat entre le diable et l’ange qui règne parfois en nous.

To write my synopses, my scenarios, I focus mostly on literature – romance, philosophy, or theatre. I take sections of texts, atmospheres, their meanings, which I deflect to then write my scenarios or synopses. Taking a text by Harold Pinter, English absurdist dramatist, I wanted to focus on humour. English humour rests chiefly on the concepts of humiliation, cynicism, and general “dark humour”. I translated one of Pinter’s scenes into French; two characters are conversing when one begins to throw a glass of whiskey numerous times at the other’s face, as though nothing was amiss. The conversation continues without interest and without any intellectual achievement. The translation reinforces the ambiguity of the scene, as the humour is no longer at its origin. As is it now in French, the audience no longer knows if it is amusing or flat. There aremoments that are
almost boring where the audience has the impression that no action will ensue, and when it does come, they may ask themselves whether or not it is humorous. In my montage, I record my voice over my originally recorded voice, to lightly offset the speech with the mouth. This slight shift is reminiscent of the non-conversation of the two characters. I portray both characters as it seems to me that this situation, where one humiliates the other, brings us back to ourselves, and sometimes our mental debates reach nowhere. Through English humour, I wished to create a symbolic image of the debate between both the devils and the angels that may reign inside us.

 
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