Dorota BUCZKOWSKA 

Climatisation, animations

Climatisation, peintures

Série Météo, peintures

Climatisation, vidéos

Le  projet que développe Dorota Buczkowska ne se dévoile qu’à force d’attention ; la multiplicité des motifs et des traitements qui peuplent ce travail pourrait en brouiller l’appréhension. Volontiers physique, charnel, confinant parfois au morbide, il peut aussi se décliner  en figures légères, minimales, images de brouillard ou de ballons s’évanouissant. Les traitements formels, essentiellement vidéos, gravures et dessins, n’appartiennent pas toujours au même univers, qu’ils soient des traits  de gravure presque gauches, des dessins un peu épais, des lignes un peu trop appliquées sur leurs supports, ou des images à peine animées en plan fixe où le mouvement se fait imperceptible.

La cohérence d’un tel projet échapperait alors aisément : cette dissolution apparente s’explique peut-être par le fait que le travail de Dorota Buczkowska se nourrit du réel, de développe selon lui, sans intention définie a priori, sans souci de réaliser une idée ou un projet de départ. Une profusion de figures et de sensations habite et anime ce travail. Quelques motifs y réapparaissent régulièrement : celui du corps, de l’organique, traité avec une liberté qui appartient peut-être un peu plus aux pays de l’Europe de l’Est dont l’artiste est originaire. Les circulations : celle des liquides corporels, mises en relation avec celles qui habitent les paysages ou quelques constructions hydrauliques. Des schémas faussement techniques, maladroits ou imaginaires. Comme un effort pour comprendre, ce qui se passerait là-dedans. Comme on jouerait à maîtriser les éléments, ou pour le moins, à en cultiver l’illusion. Des points rouges qui évoluent à l’intérieur d’une sorte de veine, s’agglutinent et disparaissent - recommencent. Le ballet incongru d’un homme qui vient de ramasser un rapace mort, aux ailes déployées pour plus rien.

Il y a beaucoup de fragilité dans ces images, une grande vulnérabilité qui fait sans cesse surface, plus ou moins discrètement, avec plus ou moins de violence ou d’incarnation. S’il fallait désigner un dénominateur commun à ces images, ce serait cette fluidité qui les habite : signe de la vie, essence du mouvement, elle est aussi celle qui peut s’évanouir : facteur de la vie comme facteur d’absence, elle peut mener à la disparition des choses. Ces images semblent nous rappeler qu’il y a dans les êtres même, un mouvement qui pourrait bien disparaître. Même constat dans les éléments naturels : le vent emporte, le brouillard efface, la glace fond. Dorota Buczkowska chercherait alors par l’image, à créer ce petit moment supplémentaire où l’on cultive l’illusion de maîtriser, de posséder, de comprendre. Le désir de s’approprier ou de fixer. Tout en en mesurant, mais comme avec les yeux fermés, la vanité.

Corinne Charpentier, directrice du CENTRE D’ART CONTEMPORAIN
LA SYNAGOGUE DE DELME, avril 2005