Christophe BOURSAULT 

Morphomane

Morphomane ne cherche pas l'anglicisme. Il vient des vidéos de Christophe Boursault. C'est mon amie en regardant son travail qui cherchait un terme de psycho « dysmorphobie....dysmorphisme » quelque chose comme ça. En cherchant, une erreur, associant le groupe morpho-, -morphe, -morphie, -morphique, à morphine ­ ce qui n'est pas vraiment faux, puisque l'origine des termes est Morphée -, m'a conduit à morphinomame et par association à morphomane. C'est une histoire de « forme » liée à Morphée, le dieu du sommeil et des songes et à l'un de ses milles enfants, Hupnos (hypnotique) qui était chargé de prendre la forme d'êtres humains et de se montrer aux hommes durant leurs songes.
Morphomane serait ses formes humaines des songes, inscrit dans l'excitation corporel et mimique de Christophe Boursault et dans le dispositif quasi-systématique de ses vidéos. Cadrage sur un corps coupant le sol et ne laissant voir qu'un mur plutôt blanc marqué d'une image-dessin. Seul une vidéo dans une forêt montre un sol mais enneigé comme effacé. Pas de sol, pas de réel repères spatiaux, c'est mettre en suspend la question de l'espace pour renvoyer à l'action. Le corps tordu, euphorique, s'agitant, mobilisé dans le plus grande concentration jusqu'à la démobilisation. Un masque vivant nous regarde dans sa propre image sur l'objectif de la camera. Il se voit le regarder. Un mouvement quasi-schizophréniques, trépignent, se répètent, scandent un temps bouclé. C'est un mouvement d'aller-retour, de va-et-vient qui exclut une réelle temporalité. L'inefficacité de l'espace-temps justifie Morphomane. Pour détail, Morphomane danse en caleçon, mal-réveillé et la seul fois où le sol apparaît, c'est pour nous montrer un lit. La morphomanie, l'eumorphisme et le dysmorphisme du Morphomane interroge un formalisme de l'action, à l'endroit où le rêve supporte l'image du corps. Ce corps-masque montré est excité, pénétré dans l'action, il se tape une porte, il effraie en regardant sa propre image, il change. Ce ne sont pas des films, bien trop instable pour cela, ce sont des vidéos portées sur la question : une pénétration de l'action pour qu'on songe l'image.

Guillaume Meiser

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