Eric BOURRET 

Cradle of Humankind - Afrique du Sud 2015
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Walk on the white Side
Pierre Padovani (extrait)

Eric Bourret est un marcheur-wanderer, le reste en découle, sa pratique artistique en premier lieu. La marche est comme un moteur à révolution, une « réxistance » qui pousse à éliminer le superflu, à être plus léger. Pour prendre ce large, mieux vaut renoncer à son baluchon d’icônes, dont la première est l’autosuffisance, l’orgueil sans objet. L’humilité ramène à l’humus et les pieds ni ne mentent ni ne portent de couronnes. Le bon marcheur va son train sans interroger à chaque pas ses semelles. Etre libre ne signifie rien d’autre que pouvoir circuler à son gré.

Bourret réalise l’œuvre sur le lieu de l’œuvre, à sa rencontre. En marchant, il convoque Chronos et Kairos, le temps chronologique, celui de l’expérience, et l’autre, le temps propice, opportun et ressenti. On ne peut marcher qu’au présent, pas au futur. Il habite son art comme le marcheur habite le paysage. Pour lui, comme pour Segalen ou Thoreau, le chemin est une mémoire incisée à même la terre et la trace des pas une sorte de solidarité temporelle nouée dans le paysage. La marche est préliminaires à la photographie tandis que l’image s’assume comme mémoire du chemin. L’arpentement transforme la substance du corps en traces matérielles d’images. Toute marche est photographique, antérieure dans l’imaginaire et ultérieure à son expérience ; la photographier est donc une échappatoire au temps puisqu’elle la fait revivre. Entre le cheminement et l’expérience spéculative de l’artiste, la route est une invitation à la création et la création est elle-même un parcours. Dans Petite bibliothèque du marcheur, et en s’appuyant sur « la métaphore du frottement » chez Platon, Frédéric Gros développe magnifiquement l’idée que philosopher c’est faire vivre en soi le paysage du questionnement. Une marche porte un nom, ce nom évoque des lieux, ces lieux une topographie et une géographie ; le tout, par frottement, fait des souvenirs et des images de cette science du paysage....

… Le monde analogique de Bourret est fait de formes hybrides où la nature est traitée comme un cryptogramme sur lequel les empreintes sensibles de l’artiste épousent leur grille à la découverte du paysage. La photographie devient un sismographe qui enregistre les pulsions de la nature. L’artiste reste dans un contact direct avec elle en se plaçant devant elle pour photographier. Il ne s’agit pas pour lui de prendre la représentation de cette nature pour fin mais requérir d’elle des sensations. Cézanne voulait faire « du Poussin sur le motif », Richard Long réalise ses sculptures en marchant, Bourret, lui, photographie le lieu de l’œuvre et s’arrête, là où d’autres commenceraient.

… Face à ces images all over dévoreuses d’espace, on pressent leur naissance dans l’étendue et non dans l’idée d’un quelconque remplissage. Elles ont en commun une muralité picturale affirmée, une apparence crouteuse sculpturale, une matérialité photographiée comme un écheveau clair sur sombre et inversement, un rapport fond et forme antagoniste. Il émerge de ces œuvres kaléidoscopiques des formes mono ou pluricellulaires souples flottant à la surface de l’image, des biomorphes, des pictogrammes qui évoqueraient des alphabets inconnus, du pré-historique, des tracés balafrés, des arabesques tourbillonnantes, des torrents de coulures, des épandages et des égouttages turbulents, des agglomérations ainsi que des éléments de brouillage issus d’un pandémonium terrestre. L’univers formel de Bourret fait cohabiter Pollock ou de Kooning, bien sûr, mais aussi Mark Tobey, il convoque à la fois les Texturologies de Jean Dubuffet, les Delocazioni de Claudio Parmiggiani ou les Cosmogonies d’Yves Klein. Comme l’indique l’artiste, « ce n’est plus l’objet mais bien sa disparition, sa trace en même temps que sa radiographie »....

 

Walk on the white Side
Pierre Padovani (Extract)

Éric Bourret is a walker-wanderer. The rest follows therefrom: his art practice first and foremost. Walking is like a rotary engine, a “resixistence” that propels a paring of the superfluous, a lightening of being. On the road to the open, it is best to leave behind one’s baggage of icons, and firstly any sense of self-sufficiency and pointless pride. Humility boils down to humus and feet do not lie or wear crowns. The good walker continues on his way without questioning his soles at every step. Freedom means nothing if not the ability to go where one will.

Bourret produces the work at the place of the work, actually going out to meet it. In walking, he convokes Chronos and Kairos, the chronological time of experience, and the other, the propitious, opportune, and felt time. One can walk only in the present not in the future. He inhabits his art like the walker inhabits the landscape. To him, like to Segalen or Thoreau, the path is a memory cut into the earth and the trace of footsteps a sort of temporal solidarity knotted into the landscape. The walking is preliminary to the picture-taking whilst the image asserts itself as the pathway’s memory. The roaming turns the body’s substance into material traces of images. All walks are photographic, anterior in the imaginary and ulterior to the experience; photographing them creates a loophole in time since it brings them back to life. Between progression and speculative experience, the road is an invitation to creation and creation is itself a journey. In Petite bibliothèque du marcheur, Frédéric Gros draws on the “rubbing” metaphor found in Plato to expound magnificently on the idea that philosophy is bringing the landscape of questioning to life within oneself. A walk has a name, this name evokes places, these places a topography and a geography, and by rubbing one against another, memories and images are forged out of this science of landscape.

… Bourret’s analogical world is composed of hybrid forms where nature is treated as a cryptogram on which the artist’s sensitive imprints wed their grid to the discovery of the landscape. Photography is turned into a seismograph recording nature’s impulses. The artist remains in direct contact with nature, standing before it to photograph it. His purpose is not so much to form a representation of nature as to press it for sensations. Cézanne wanted to “do Poussin again sur le motif” while Richard Long made his sculptures walking. Bourret, for his part, photographs the place of the work and stops, there where others would start...

… One can sense, looking at these space-devouring all over images, that their origin is in the expanse rather than in some notion of filling. They share a pronounced pictorial murality, a crusty sculptural appearance, a materiality photographed like a light skein on a dark ground and vice versa, and an antagonistic figure/ground form. What emerges from these kaleidoscopic works are loose single or multicellular forms floating on the surface, biomorphs, the prehistoric, pictographs evoking unknown alphabets, slashing patterns, swirling arabesques, upwelling torrents, turbulent scatterings and drainings, agglomerations as well as elements of interference coming from a terrestrial pandemonium. Bourret’s formal universe has Pollock cohabiting with de Kooning, of course, but also with Mark Tobey; it conjures at once Jean Dubuffet’s Texturologies, Claudio Parmiggiani Delocazioni and Yves Klein’s Cosmogonies. In the words of the artist, “it is no longer the object but rather its disappearance, its trace and at the same time its radiograph”....

 
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