Eric BOURRET 

Ar Rusafa Syrie 1999
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Baalbeck Liban 2000
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Baalbeck Liban 2000
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Dashour Egypte 1998
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Giseh Egypte 1996
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Louxor Egypte 1996
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Louxor Egypte 1996
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Palmyre Syrie 1999
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Petra Jordanie 1996
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Petra Jordanie 1996
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Petra Jordanie 1996
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Sana'a Yemen 1998
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Saqqarah Egypte 1996
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Saqqarah Egypte 1996
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Vallee des Rois Egypte 1996
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Vallee des Rois Egypte 1996
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Un cartographe de l'infime

«  Le monde est avec celui qui est debout »
Proverbe d'après E.J Finbert

Éric Bourret s'est rendu à maintes reprises sur les sites archéologiques ancestraux, Nécropoles, Sanctuaires et Cités Caravanières en Jordanie, à Pétra et en Égypte, dans la célèbre vallée des Rois ou des Reines. Sur ces aires empreintes de mémoire et de mythes comme la forteresse d'Hérode le Grand à Mocheronte où Saint Jean-Baptiste fut décapité par Hérode Antipas, il opère sur le vif, à fleur de peau et par une approche tactile, d'un œil mûr et palpitant, décode ce répertoire de signes, palimpseste de rites, us et rebus qui remontent aux sources de l'humanité.

Topographe statique, scrutateur pensif, sis à côté du trépied, il décrypte, déchiffre avec une impénétrable sérénité, les auspices, figures, stigmates, sigles, symboles, images et indices qui sont ceux aussi de la photographie, trame et trace d'elle-même, dépôt d'empreintes, de grains, sels et strates, à l'instar des plans lisses ou râpeux, rugueux, grenus, égrugés, grumeleux, squameux ou revêches, que l'oeil cajole, caresse, couve, effleure, érafle, éreinte et patine avec tact. La mémoire des lieux est plus vive que celle des mortels ensevelis qui les ont érigés pour leur gloire au prix de la sueur et du sang des esclaves ployés sous les blocs, échinés par les rocs taillés mis en pile, mécano pyramidal ou dédale labyrinthique où erre et s'égare l'écho des voix supérieures que capte l'objectif hiératique du photographe. Face aux vues qu'il appelle un « prélèvement d'espace », l'opérateur œuvre avec une proximité coite, en sympathie, sans exotisme ou pittoresque, sans événement, et affronte, en géomètre, géologue, archéologue ou nécromancien de faits épiques, l'énigme sculptée de la matière.

Sondant au cœur les profondeurs de l'immobile qui pas plus que l'obscur ou le secret ne sont des dangers, le regard tire de l'oubli latent ces décors et monuments, tombeaux, sépulcres, cénotaphes et hypogées, parois souterraines pétrifiées, liftées par la lueur vespérale qu'happe à chaud l'opérateur patient lors d'expositions de durée variée. Sans se perdre dans l'universel ou au delà, Eric Bourret, avec une fraîcheur grave et vivifiante, une intuition pénétrante, persévérante, non exubérante, révèle la substance du temps à l'oeuvre et transcende ce qui est immuable, illimité ou immanent, en rasant seulement les murs, laies calcareuses, parchemins lithiques à l'échelle improbable, qu'accroît le format démesuré à dessein des images, virées au sélénium où le proche minimal alterne avec l'imprescriptible lointain, où l'infime s'allie à l'infini.

Patrick Roegiers, 1997

 
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