Vincent BONNET 

[pipol] 2009 —
Nos vies sont hantées par des fantômes imprimés et tramés. Leurs visages, en représentation, ne cessent d'apparaître / disparaître dans nos espaces quotidiens : arrêt de transport en commun public, kiosque à journaux, pages de quotidiens et de magazines, sujets des actualités télévisées, objet de discussions insipides, pages web etc : des visages dontt l'objet est une spéculation financière, par le scandale, le marketing, la conquête du pouvoir, la publicité, le culte de la personnalité... Ce sont des visages d'abord médiatiques. Dans cette série, toujours en cours, j'ai cherché à travers le procédé de la reproduction — les images étant déjà faites —, soit de rentrer dans l'image, soit d'en donner son contexte, afin de produire un arrêt — critique, neutralisé, affectif presque — dans le flux médiatique de leur apparition éphémère. Produire une distance temporelle, pour voir, discerner quelque chose dans ce qui nous tient, nous occupe, quoi qu'on en pense. Jouer le jeu du pouvoir jusqu'au bout et assumer l'expérience de l'occupation des esprits. Reste les corps...


P.S. : (…) Il faut alors imaginer un équivalent dans la prise de vue de ce à quoi ressemble aujourd’hui l’humanité telle que la conçoit, la désire, la fabrique et la met en scène la société de marché qui domine la planète. Car on ne peut invalider ou même entamer la force d’une image, même pauvre, même mensongère, même trompeuse avec des mots. Il faudra apprendre une bonne fois pour toutes à répondre aux images avec des images. Il faudra des images pour regarder autrement les images de chair et d’os et autres tableaux vivants qui se sont substitués à la vie politique proprement dite et qui résultent de la mise en scène quotidienne de la vie et des gestes du pouvoir comme seul contenu du pouvoir pendant que l’action de ce même pouvoir s’exerce sans merci sur ceux qui en sont dépourvus. Il faudra en fin de compte des images qui donnent à lire le mode de fonctionnement de l’escroquerie et de l’asservissement par l’image, comme il y a des discours qui donnent à comprendre par le langage l’escroquerie du langage. Il faut imaginer, pour cela, quelque chose dans la prise de vue comme une forme d’apathie radicale à l’endroit de ce que montre et de ce en quoi se reconnaît cette société ; à l’endroit aussi de ce qu’elle dit et proclame d’elle-même.(…)
Jean-Paul Curnier in Montrer l'invisible

[pipol] 2009 —
Affichages / collages dans l'espace public du nord de Marseille, dans le cadre de La ville, une nuit entière. Une proposition d'Ici-Même [Gr.] à la scène Nationale du Merlan, juin 2010

 

[pipol] 2009 —
Photographies originales pour la création des affiches

 

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