Julien BLAINE 

Le poète est à la fois celui qui pose les questions, celui qui vaticine et vocifère, celui qui traduit et celui qui répond au sortir d'un univers dans lequel il éprouve sa claustrophobie.

"L’origine de la Pythie naît d’une histoire plutôt troublante : près de Delphes, existe un trou duquel sort une voix qui crée la panique dans le troupeau, rend folles les chèvres et donne au berger le pouvoir de divination. Les passants ne se contrôlent plus, sont possédés, sautent dans ce trou et jamais n’en reviennent ! Alors il est décidé qu’une seule femme aura accès à l’oracle et servira la cité grâce à sa fonction de devineresse. On lui fabrique un trépied pour qu’elle puisse s’asseoir sur le trou sans risque… Et lors de cérémonies, avec tout ce qu’il faut pour un vrai rituel (des bains, des fumigations, de la musique, des ingestions de plantes diverses…), elle se met en transe et parle une langue borborygmique totalement incompréhensible. Les Grecs retranscrivent ou plutôt réinterprètent cela comme ils peuvent, avec leurs mots, selon une logique approximative, et cela devient une vérité audible, compréhensible!
Le poète est proche de la Pythie. Comme cette dernière celui-ci est le transmetteur de la langue qui le traverse, et qui est borborygmes pythiques. Celui-ci parle une langue que l’on doit savoir entendre. Être à l’affût et en demande des paroles du poète comme en un autre temps on l’a été des paroles de la Pythie empêcherait donc l’humanité de tomber dans un trou ? Dans La pythie claustrophobe, je dis mon oracle et termine en livrant ces mots : « parce que je ne sais faire que ça ». Ainsi le poète-Pythie livre sa propre interprétation du poème et le traduit à l’auditoire comme la manifestation de son existence présente, c’est-à-dire l’expression de sa fonction parmi les autres."
Extrait du catalogue Blaine au Mac : Un tri, 2009

La Pythie claustrophobe 1969
Tournée "Bye-bye la perf"
Images extraites du film "Bye-Bye la perf", réalisé par Marie Poitevin, 2005
 
 
Retour au menu Performances