BERDAGUER & PÉJUS 

 
 
Chroniques, Manuella éditions, 2017
 

 
 
Sélection de pages du catalogue
 

 
Construction rotative 2015
Bois, moteurs (160 x 100 x 100 cm)
Photographie Aurélien Mole

Construction rotative constituée de capsules empilées qui tournent indépendamment les unes des autres, cette sculpture évoque les
expériences et les rêves architecturaux encore non réalisés de tours rotatives.
Telle une machine célibataire, l’œuvre prolonge et fait écho à l’installation 40 soleils, dans laquelle l’espace se découpe en strates sur toute la hauteur de l’espace d’exposition. L’architecture virtuelle créée par la lumière est paradoxalement solidifiée au sein de
cette maquette, créant ainsi un dispositif de protection et d’opacité maximale, une matrice permettant au corps de se protéger de la lumière.
 
40 soleils 2015
40 tubes fluorescents, moteurs, dimensions variables
Vues de l'exposition à la Maréchalerie, centre d'art contemporain, Versailles
Photgraphies Aurélien Mole

L’installation monumentale 40 soleils immerge le visiteur dans une lumière intense et démultipliée. Quarante tubes fluorescents suspendus tournent lentement sur eux-mêmes, déstabilisant le corps du visiteur dans sa déambulation. Ces «soleils» génèrent de manière artificielle le spectre lumineux journalier et donnent à voir une lumière figée et un temps gelé que seule leur lente rotation vient perturber.
 
TZ-FTY730 2015
Tubes en plexiglas, gélules, sable, hauteur 200 cm
Vue de l'exposition à la Maréchalerie, centre d'art contemporain, Versailles
Photgraphies Aurélien Mole

Ensemble de tubes en plexiglas qui renferment un stock de gélules contenant une substance blanche et noire. Ces tubes évoquent des bâtons de marche ou des cannes. Il s’agit du même sable que celui utilisé dans le film Timezone. Ces lignes de sable encapsulées sont la représentation d’un traitement en double aveugle qui s’écoule sur plusieurs mois.
Le temps, la répétition, la lutte et le doute sur l’efficience de ce protocole sont concentrés dans ces objets: l’entropie passe par le corps. L’ensemble de ces dix bâtons représente une forme de biographie chimique en écho à la lutte temporelle que mène le personnage qui tourne et retourne le temps dans Timezone.
 

Monument discontinu 2015
Impression pigmentaire sur page centrale d’une revue blanche, reliure dos carré collé, caisson plexiglas (46,5 × 31,5 cm)
Collection privée

Les personnages qui habitent les photomontages du Monument continu de Superstudio conçu en 1969 viennent hanter un site abandonné au nord du Maroc.

 
Pavillon des ombres 2015
Toile, lattes, cordes, poulies, 350 × 360 × 612 cm
Photographies Laurence Godart

Auguste Mione, entrepreneur dans le bâtiment et propriétaire du domaine de Chamarande, construira dans les années 1960 un ensemble de bâtiments: villas, école, centre de soins, salle de sport, etc., dans le but de loger ses employés sur l’ensemble du domaine.
Cette démarche dans la veine fouriériste s’acheva par le dépôt de bilan et le rejet de ce patron paternaliste.
Le Pavillon des ombres est l’enveloppe réduite de l’une des villas du domaine. Il renvoie, par ses proportions, à une maison pour enfants et, d’une certaine façon, à ce rapport paternaliste d’Auguste Mione. Il peut aussi se rapporter à un projet écrit et non réalisé de Charles Fourier, qui projetait de mettre en œuvre un phalanstère pour enfants, construit par ces derniers.
Le Pavillon des ombres est le fantôme de toute cette histoire, un voile en suspension, hors sol, sans lieu, la mémoire des utopies émancipatrices et communautaires.
 
Casque EHS 2014
6 casques, tissu anti-ondes électromagnétiques, métal, dimensions variables
Photographie Aurélien Mole

Ces casques sont conçus sur le modèle des constructions autotendantes: en architecture, c’est la faculté d’une structure à se stabiliser par le jeu des forces de tension et de compression qui s’y répartissent et s’y équilibrent… Ce système constructif permet de couvrir de grandes surfaces avec un apport minimal de matière et de construction.
De ce point de vue, on peut voir ces casques comme des maquettes d’architectures tout à fait adaptées à la contagion d’ondes qui se propagent de plus en plus autour de nous.
 
Marches solides 2013
3 impressions 3D en plâtre, 70 × 40 cm, 80 × 40 cm, 50 × 35 cm
Photographie Philippe Groscaux

«Marseille, le 29 juillet. À 7 heures du soir, après avoir hésité longuement, pris du hachich. J’étais allé à Aix le jour même. Je suis couché sur mon lit avec l’absolue certitude que je ne serai dérangé par personne dans cette ville qui compte des milliers d’habitants où nul ne me connaît. »
Walter Benjamin, Hachich à Marseille, in Écrits français, Paris, Gallimard, coll. Folio essais, 1991, p. 105-106.

Les marches solides proviennent de parcours réalisés sous l’emprise du hachich par Walter Benjamin à Marseille dans les années 1920. Son expérimentation du hachich s’inscrivait dans une enquête sur le fonctionnement de la psyché. Il ingérait la substance, alors disponible en préparation pharmaceutique. Les séances se déroulaient en présence et sous le contrôle d’amis qui en rédigeaient aussi un compte rendu (le romancier Franz Hessel et l’historien Ernst Bloch, entre autres).
Ces marches sont reconstituées à partir des récits de 1928. Les mouvements dans l’espace sont captés et enregistrés numériquement puis traduits en volume. Ils ne sont pas décomposés en séquences ni en plans, mais en une seule forme, une seule marche fossilisée, un carottage hors sol.

 
E.17 Y.40 A.18 C.28 X.40 O.13,5 2012-2014
Résine, dimensions variables
Collection privée
Photographie Andre Morin

Il s’agit d’un ensemble de sculptures issues de dessins réalisés dans le cadre d’un test psychologique où il est demandé de dessiner un arbre. Chaque dessin fait appel à des déterminations inconscientes de l’auteur, dont l’état psychique génère un ensemble de formes et de constructions. La traduction en volume de ces dessins produit des « auto-portraits » partagés et partageables qui nous renvoient à nos propres histoires, traumas et défaillances.
 
Zone temps 2009
Sable, dimensions variables

Paysage en mouvement composé de sable noir et de sable blanc, sans organisation préétablie: le temps est éclaté dans l’espace.
 
Jardin d’addiction 2008-2010
Verre, pyrex, métal, parfums, 210 × 360 × 240 cm
Réalisé avec l’aide des parfumeurs Les Christophs (Christophe Laudamiel et Christoph Hornetz)
Collection CIRVA
Photographie Yves Inchierman

Dispositif de diffusion olfactive dont la forme est inspirée des synapses de notre cerveau, rappelant le lien unique entre le nerf olfactif et certaines parties clés du cerveau humain. Dans le Jardin d’addiction, le visiteur n’est pas «touché» par des voies traditionnelles (comme la vue, le son, la lecture, etc.), mais par des stimuli qui mettent directement en jeu son cerveau. Les parfums qui émanent de la plante sont modélisés à partir des odeurs de différentes substances, toutes responsables d’un état de dépendance chez l’homme (alcool, cocaïne, herbe, opium, etc.). La forme rhizomique de ce jardin s’inspire à la fois du monde végétal (racines, tiges, fleurs) et du système neuronal (synapses, neurones): les chimies végétale et humaine sont «synthétisées» dans ce jardin de verre.
 

Bulles de confiance 2005-2015
Métal, bulle PVC cristal, Ø 250 cm, corde, système de ventilation, fermeture éclair, diffuseur, flacon d’ocytocine (hormones), mousse, tissu
Photographie Maxime Dufour

 
Plante à sommeil 2005
Mini-conduits, somnifères, goutte à goutte, verre, dimensions variables
Collection Centre national des arts plastiques, Paris

Réseau de conduits dans lesquels circule du somnifère à l’état liquide. Cette plante génère et distribue une dose journalière de sommeil synthétique.
 
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