Jean-Daniel BERCLAZ 

Pour ses vernissages de point de vue, Jean-Daniel Berclaz choisit deux emplacements qu’il considère comme particulièrement significatifs pour un contexte donné. Il les photographie, en noir et blanc au format panoramique, et diffuse cette double image imprimée comme invitation aux événements qui s’y dérouleront.

Le Musée du point de vue est une attitude et un lieu où la question du point de vue de chacun est soumise à tous. Il met en jeu les deux définitions du point de vue : un endroit idéal où l’on doit se placer pour voir un objet le mieux possible et d’une manière particulière de considérer les choses, une opinion. D’autre part, ce projet interroge aussi le rôle du musée qui recense, inventoirie, classifie, montre, démontre, mais qui est aussi une proposition, libre et ouverte au public.

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For his point de vue (viewpoint) openings, Jean-Daniel Berclaz chooses two sites he considers as particularly significant for a given context. He photographs them, in black and white using a panoramic format, and distributes this printed double image as an invitation for the events to take place there. In Genoa, he opted for two places of transit, of flux, sites loaded with symbols and bearing openness: the point of the Junction and the Bardonnex checkpoint. welcomed by waiters in tuxedos, the guests are led into this places to share a meal and exchange their points of view.

Le Musée du point de vue is an attitude and a place where the question concerning each person’s point of view is submitted to the discretion of all. It activates the two definitions for the point o f view : an ideal place where one must place oneself to see an object in the best possible way and a particular way of considering things, an opinion. In addition, this project also questions the museum’s role as a place which audits, inventoires, classifies, shows, demonstrates, but which is also a proposition, free and open to the public.

Vernissage d’un point de vue 19.08.2001
Port Racine, la Hague
Photographies Jean Daniel Berclaz

Vernissage d’un point de vue 9.09.2001
Hafeleka Bergstation, avec le Kunstraum, Innsbruck, Suisse
Photographies jean Daniel Berclaz

Sur la demande d’un organisateur, Jean-Daniel Berclaz se rend dans une ville et furète jusqu’à ce qu’il choisisse, dans le centre ou dans les abords immédiats, deux sites, souvent opposés mais complémentaires dans leur signification par rapport à l’espace urbain.

Quelques semaines plus tard, tous ceux qui ont été informés de l’existence de ces singuliers vernissages peuvent donc se rendre sur les lieux. Là, les attend un buffet préparé par l’artiste et présenté par des serveurs en tenue, complices volontaires de cette action. Durant les deux ou trois heures que dure ce vernissage, chacun se confronte comme il l’entend au paysage dans lequel il se trouve.

La démarche se situe à la croisée de plusieurs questions qui traversent la pratique contemporaine de l’art. Si le Land Art enregistre le paysage, il le modifie au moins pour un temps et c’est cette modification qu’il enregistre. Ici, c’est au contraire l’effacement de l’artiste au profit du public comme acteur essentiel de l’oeuvre qui est pris en compte.

En disant que les vernissages de point de vue sont des «ready-made», Jean-Daniel Berclaz insiste sur le fait que c’est dans le balancement entre le toujours du réel et sa mise à distance par le regard que se constitue l’oeuvre d’art mais aussi la conscience des regardeurs qui comme le remarquait Duchamp, font des tableaux.

Jean-Louis Poitevin, Le vernissage du point de vue, in Papiers libres - Art contemporain, octobre 2001 (extraits)