Emmanuelle BENTZ 

Extrait du deuxième temps :

La projection lit :
« On en était à rien, voire rien du tout, sauf la substance de la narration, d'un individu ordinairement commun. Alors intervient une tierce personne, que l'on a déjà croisée ou jamais vue, on l'imagine commune aux autres mais elle va changer le cours ordinaire de cette histoire banale. Tiers va engendrer quelque chose qui n'est pas rien, soit une course poursuite en voiture soit une bagarre de rue à poing nu ou au couteau ou au revolver ou encore même à la batte de baseball, en tout cas du sang, de l'hémoglobine, de la cervelle éparpillée un peu partout sur les murs ou sur les trottoirs ou dans une boîte de nuit ou un œil arraché avec les dents craché à même le sol ou une oreille coupée au cran d'arrêt en guise d'avertissement, ou alors un drame, un mort ou juste un coma mais quand même un long et grave coma, irrémédiable, des pleurs des cris, de la détresse, de la haine, ou une intrigue psychotique quelque chose d'horrible on ne dort plus on ne mange plus on ne monte plus du bas de la cage d'escalier jusqu'en haut devant la porte, on ne se brosse plus les dents, on étale plus de beurre sur une tartine, on ne fait plus de tâches ménagères, ni plus rien d'ordinaire, ni plus rien de banal, il n'y avait rien et maintenant on ne fait plus rien de rien. C'est la psychose et c'est encore pire que l'hémoglobine ou que la cervelle éparpillée partout. Un drame atroce et cruel, une tragédie ignoble et irréversible. Y avait rien, il n'y a plus rien mais c'est très très grave. »

La TV lit :

« fixe cadre fixe jambe écartées
à terre fixe qui bouge
au mur bouge dans cadre
image dans cadre au mur
au mur bouge bouge
lis dans cadre bouge au mur fixe
son constant qui lit
image bouge cadre fixe
main qui tient qui lit
bouge fixe qui bouge
cadre fixe au mur
qui bouge dans mur fixe
cadrée lit main levée
droite levée qui bouge fixe
son constant
son qui lit
image qui bouge
image cadrée fixe
main fixe qui bouge
cadré au mur
cadrée lit
mur fixe
cadre fixe
cadré fixe
qui lit main levée
main levée dans cadre cadré
main cadrée pieds cadrés
main levée qui bouge
image fixe cadré fixe
pieds au sol fixes qui bougent
tête penchée main levée
main en cuvette sur texte gauche
qui lit
fixe jambe écartée à terre
au mur bouge
cadré fixe qui bouge dans fixe cadre
fixe dans le cadre cadrée bouge
au mur main levée sur cadre
fixe levée je l'jure »

Je lis :
« Confondre, c'est remplir d'étonnement, troubler, réduire au silence en lui prouvant qu'il se trompe, sa duplicité me confond. Multiplier les excuses, les marques de civilité, brouiller, mêler, déconfond vite tes cheveux.
Confondre, c'est prendre une chose une personne pour une autre Oups ! j't'ai confondu t'es pas conforme à mes attentes, c'est un mauvais rapport de ressemblance établi par mon esprit tu me plais pas j't’ai confondus, t'es pas conforme, j'en suis confuse. Confondre c'est tout mélanger, c'est presque apparier.
Apparier c'est associé ça vient ni de pareil ni d'appareiller, ça vient de paire, comme one + one, c'est pas associé, quand c'est associé c'est oneone, conforme c'est one mais pas tout à fait one, c'est one/one et assimilé c'est oonnee, tout à fait ONE. Apparier c'est assorti par paire ou par couple, l'ambivalence c'est l'inverse mais pas tout à fait, c'est ce qui comporte 2 composants, pareil, sauf qu'après c'est différent. Assortir par paire, ça c'est joli !
Ca fait bien apparier, c'est accouplé un gant + un gant, un bas + un bas, un mal + une femelle, et pourtant on ne dit pas je m'apparierais bien à toi, c'est trop prétentieux, on sous-entendrait alors un parfait et impossible assortiment, par contre on peut dire on s'accouple, ça c'est possible, c'est plus un amalgame c'est former un tout, combiner, confondre, fondre, si on se fondait, si on s'amalgamait, si on s'fusionnait, se mélangeait, s'combinait, si on s'affiliait, s'confondait, s'accouplait, si on s'réunissait, s'assemblait, s'mélait NON.
Si on s'mêlait c'est aussi mettre un désordre inextricable, être mis ensemble intervenir, ça forme un mélange, mêler des personnes, des choses, des cheveux mêlés, indiscernables, désordonnés et le plus souvent agitées, mêle toi de tes oignons. Mêler c'est pas bien il ne faut pas se mêler de ce qui ne regarde pas, mêlé c'est, en masse, autour d'un ballon en teeshirt raillé mouillé par la sueur, short trop court jambes poilues, groupé en équipe, et là c'est différent, c'est pas prétentieux mais sa pue, c'est pas conforme à nos attentes sans ambivalence et c'est pas du joli. »

Et de nouveau la projection et moi et encore la projection, et la TV

 



Conforme ça vaut pas un pfiffrelin 2002
Lecture/performance, vidéo
Photographie Laurent Marro, Frac Paca

 

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2ème temps, la TV dit
Extrait vidéo, 18"05

3ème temps, une projection + une lecture
Extrait vidéo, 1'35"


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